Etre « nez » au mauvais endroit

Je suis une hypersensible aux odeurs. Toutes les odeurs, les bonnes comme les mauvaises. Un parfum peut éveiller beaucoup de sentiments chez moi, mais s’il est trop fort, il peut me donner la migraine instantanément. Une mauvaise odeur peut, elle, me faire vomir en 2 secondes.

Je reconnais facilement tout un tas de senteurs, je distingue aisément les épices et les éléments qui composent un plat, par exemples. J’ai même pensé à devenir « nez » à un moment de ma vie.

Mais, vous vous en doutez, avoir cet odorat exceptionnel n’a pas que des avantages, évidemment…

J’ai habité, pendant plusieurs années, dans une cité, composée de plusieurs immeubles, pas très hauts et tous de couleurs différentes. C’était un endroit pas trop désagréable et les appartements étaient assez grands et surtout bien accessibles.  Les ascenseurs, par nombre de deux pour chaque bâtiment, tombaient rarement en panne, ce qui était sécurisant également. Le seul gros point noir se situait au niveau des garages…

Les sous-sols des immeubles étaient composés de quelques box fermés et d’emplacements de parking. Avec mon appartement, et pour des questions de facilités de transferts, je bénéficiais d’un grand emplacement situé près d’un ascenseur. Le problème était que ces sous-sols n’étaient pas complètement fermés. Ce qui fait que les animaux des immeubles, et en particularité les chats, pouvaient se balader librement dans cet espace.

Se balader et, surtout, uriner où bon leur semblait. Dormir au sec, au chaud sous les voitures qui rentraient et pisser partout! Une horreur!

Il y régnait une odeur épouvantable de pisse de chat!

Le temps que je devais passer dans ces garages, je le passais le plus possible en apnée! Mais, le pire, c’est que, malheureusement, je ne pouvais pas voler!
Je devais bien faire le trajet de ma voiture à mon appart en fauteuil et l’urine, incrustée dans mes pneus me suivait partout! Si à l’arrêt, l’odeur était déjà très forte, imaginez comment elle se répandait dès que je commençais à rouler.

J’avais l’impression d’être comme une vieille fille solitaire vivant enfermée avec une centaine de chats.

Partout où j’allais, j’étais angoissée que l’on pense que j’étais sale et que je sentais mauvais. Ma voiture empestait vraiment et aller au cours était un test pour voir si j’avais de vrais amis. Les vrais amis resteraient et supporteraient, comprendraient. Ou alors, ils auraient un odorat complètement pourri, quelle chance!

J’ai lavé mes pneus avec toutes sortes de produits, presque tous les jours, quand je rentrais. C’était la première chose que je faisais, rincer et laver mes roues avant qu’elles ne sèchent et j’ai fait changer les pneus de mon fauteuil de nombreuses fois. Une véritable obsession, légèrement envahissante.

Heureusement, j’ai rencontré mon mari, qui est passé au-dessus de tout cela. Et, en effet, il a un nez beaucoup moins sensible que le mien, si vous vous posiez la question.

Nous avons rapidement déménagé et j’ai pu respirer à nouveau normalement.

Quelques mois plus tard, on m’a proposé un job dans une association. Dont les bureaux se trouvaient au cœur même de CETTE cité. Oh My God!

Et, oui, j’ai accepté… mais, je me garais le plus souvent possible dehors et surtout je ne frôlais aucun mur. J’étais de retour, il fallait que je m’adapte…